VOIR LE SITE www.inddigo.com
Nous suivre :

Quelle place pour le vélo en France ?

Publié le : 3 juin 2020
Partager l'article sur : j'aime tweeter google+ linkedin

Quels sont les atouts du vélo pour une mobilité durable ? Quel est le rôle du vélo en déconfinement ? Quels sont les prochains caps à franchir pour encourager la pratique du vélo ?

Depuis plus de 20 ans les experts de la Mobilité chez Inddigo accompagnent les collectivités et les entreprises dans la mise en place de solutions vélo. En cette Journée Mondiale du vélo, nous avons donné la parole à Nicolas MERCAT. Il répond à nos questions.

Quelle place devrait avoir le vélo dans la société française ?

Le vélo devrait avoir une place beaucoup plus importante qu’aujourd’hui.

  • Une place dans la mobilité de proximité : la marche joue bien son rôle pour les déplacements inférieurs à 1 km, cependant le vélo n’est pas assez développé alors qu’il est vraiment le mode idéal sur la proximité de 2 à 10 km.
  • Une place dans la découverte du territoire : le vélo peut en effet avoir un rôle important dans la société en termes de développement touristique.
  • Une place dans la logistique de proximité : ce troisième domaine qu’on aborde peu va jouer, à mon sens, un rôle très important dans les 10 prochaines années avec la question des livraisons.

Le vélo a clairement une image sportive en France confortée par l’image exceptionnelle du Tour de France. Trop sportive aujourd’hui à mon avis, mais les choses vont évoluer tant le rôle du vélo est important dans la mobilité durable.

Quels sont les atouts du vélo pour une mobilité durable ?

1/ Le meilleur atout du vélo pour la mobilité durable, c’est d’abord sa qualité énergétique.

  • Le vélo est de 20 à 100 fois plus efficace d’un point de vue énergétique qu’une voiture.
  • Avec un engin de 15 kg, on arrive à couvrir les deux tiers de ses déplacements contre un engin d’une tonne si on parle de la voiture.
  • Par rapport à la marche à pied, le vélo permet d’aller 4 fois plus vite avec moins d’effort. Il permet donc de couvrir un territoire considérablement plus important.

2/ Ensuite, évidement, tout le monde à en-tête ses effets sur la lutte contre la pollution et le bruit.

On l’a vu pendant le confinement, une ville avec 5 fois moins de voitures, c’est une ville où l’on arrive à entendre le bruit des fontaines et le chant des oiseaux. C’est aussi un air moins pollué, un critère de taille puisque la pollution est la cause de plusieurs dizaines de milliers de décès aujourd’hui en France.

3/ Le vélo a un troisième atout pour la mobilité durable qui, à mon avis, est le plus important. Ce sont ses bénéfices sur la santé.

Une pratique de 30 minutes de vélo par jour réduit de moitié les risques d’accidents cardiovasculaires et de diabète de type 2, des pathologies qui ont un poids très important dans les dépenses de santé. La remise en activité physique représente un potentiel de 7 milliards d’euros d’économie : c’est 3 fois plus que l’économie directe générée par le vélo (vente de vélos, services, infrastructures, etc.). Les bénéfices de la pratique du vélo sur la santé sont absolument considérables, et le Covid19 nous a rappelé l’importance d’avoir une population en bonne santé avec des capacités respiratoires améliorées.

4/ Un autre bénéfice du vélo, c’est son impact sur l’économie.

Dans un contexte où les collectivités vont un peu être mises à mal par les difficultés économiques qui se profilent, avec 30 euros par an et par habitant on peut faire une très très bonne politique cyclable.
Aujourd’hui, en moyenne en France, les collectivités investissent 8 euros par an et par habitant. Par comparaison, la politique routière, c’est 271 € par an par habitant et une politique transports en commun c’est 473 € par an et par habitant. Avec 10 à 20 fois moins, on arrive à faire une très bonne politique en matière cyclable.

5/ Enfin, son potentiel de développement est très important

75 % des déplacements quotidiens des français font moins de 5 km et 85 % font moins de 10 km. Une très grosse part des déplacements pourrait être réalisée à vélo. Si on enlève la marche qui tient son rôle pour les déplacements inférieurs à 1 km, c’est environ 50 % des déplacements qui font entre 1 et 7 km et qui sont donc potentiellement cyclables. C’est un potentiel de mobilité durable absolument considérable.

Quel est le rôle du vélo en déconfinement ?

Pour comprendre le rôle du vélo dans le déconfinement, il suffit d’observer l’évolution de la pratique. Beaucoup de compteurs sont installés sur l’ensemble du territoire français, que ce soit sur des aménagements cyclables à vocation utilitaire ou sur des axes à vocation loisirs ou touristique. Ces compteurs ont pu nous montrer que la pratique du vélo a déjà dépassé son niveau d’avant confinement alors que le niveau de trafic est loin d’avoir retrouvé son niveau habituel.
Nous savons que les déplacements à vélo vont augmenter et surtout, ce qui est absolument extraordinaire, c’est que le déconfinement fait faire au vélo un pas incroyable dans la mobilité.
Tous les efforts qui ont été faits par les collectivités dans les aménagements provisoires, c’est exactement ce dont on rêvait depuis 10 ans ou 20 ans, et ils ont été déployés en seulement quelques semaines. Pour les réaliser, les collectivités ont pris de l’espace sur la voie publique. Ils coûtent par conséquent très peu cher et surtout ce sont des aménagements de très bonne qualité. En effet, la plupart du temps, ils offrent une bonne visibilité aux cyclistes et ils sont continus, alors qu’en temps normal, lorsque l’on essaie de faire des aménagements cyclables sur les trottoirs ils sont souvent discontinus, sinueux et parfois même dangereux. Le Covid a finalement fait faire un pas de géant au vélo en un temps exceptionnellement cours et on a maintenant vraiment l’espoir qu’il se développe.

Piste temporaire à Berlin, photo via @SenUVKBerlin

C’est vrai que le vélo a un rôle à jouer très important dans cette période de déconfinement.

  • Parce qu’il permet de maintenir une distanciation physique que ne garantit pas les transports en commun : on observe dans la plupart des pays déconfinés, notamment en Chine, une baisse des transports en commun du fait de la baisse des capacités et d’une certaine défiance. Le vélo a donc un rôle majeur à jouer si on veut éviter que tout le monde se remette à la voiture.
  • Un autre avantage important du vélo dans le cadre du déconfinement, c’est sa capacité de trafic : à largeur égale de voirie, le vélo est capable d’absorber 5 fois plus de trafic que la voiture. Donc si on veut dans les grandes villes, absorber le trafic qui ne peut plus l’être par les transports en commun, le vélo est beaucoup plus efficace que la voiture et justifie le fait de faire des aménagements provisoires en prenant de l’espace sur les stationnements ou l’espace de circulation. Le vélo consomme 5 fois moins d’espace en largeur de voirie et 10 fois moins d’espace en stationnement.

Consultez les chiffres sur l’État des lieux de la pratique du vélo en 2020, ses impacts économiques et ses perspectives de développement.

A lire également :
Le vélo fera partie d’une stratégie de déconfinement
Comment réaliser des pistes cyclables provisoires ?
Pistes cyclables temporaires: comment trouver des solutions simples avec un urbanisme tactique ?

Encourager la pratique du vélo en France, une responsabilité partagée

Ce site utilise des cookies à de fins de mesure d'audience anonymes. En poursuivant votre navigation vous acceptez notre politique de protection des données personnelles.