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Favoriser une occupation dynamique des parkings vélos

Publié le : 10 novembre 2022
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À l’occasion d’un voyage d’étude sur le sujet des parkings vélos aux Pays-Bas, initié par Île-de-France mobilités, co-organisé par Inddigo et Movares, (bureau d’études néerlandais spécialiste des parkings vélos massifiés), Roman VILLE-GLASAUER et Cécile DROUET D’AUBIGNY, Consultants Territoires, Aménagement et Mobilités chez Inddigo vous apportent un aperçu de plusieurs outils mis en place pour faciliter le stationnement vélo en zone urbaine à travers une série d’articles. Ce quatrième article vise à détailler les stratégies de gestion de l’occupation des parkings vélos néerlandais afin d’en optimiser l’usage et répondre à une très forte demande.

Comme nous avons déjà pu l’aborder dans notre premier article sur les parkings vélos en gare, la présence des « deuxièmes vélos » exerce une pression considérable sur l’occupation des parkings vélos des Pays-Bas.

Au sommaire de notre dossier :

Alors comment connaître les temps de stationnement des vélos pour mieux les contrôler ?

Contrôler le temps de stationnement des vélos

Compter les places en temps réel, informer les cyclistes et exploiter les données statistiques

Les parkings néerlandais se dotent progressivement d’une solution de comptage automatique à la place, la technologie « ancienne génération » était basée sur un capteur mécanique situé dans le rack à vélo et sujette à de nombreux disfonctionnements (si le vélo n’est pas placé correctement il n’est pas comptabilisé, risque d’encrassement du capteur, etc.). Une nouvelle solution de comptage, basée sur l’analyse par une intelligence artificielle des images de caméras vidéo est en cours de déploiement.

Figure 1 : Les caméras permettent de connaître en temps réel l’occupation des places. Crédit photo : Roman Ville-Glasauer, Inddigo

Le comptage vidéo permet ainsi à l’opérateur de connaître précisément et en temps réel l’occupation d’une place, sa durée d’occupation et de détecter à quel moment elle se libère. Cette information est répercutée sur les afficheurs dynamiques du parking à la disposition du public. En tant qu’usager on peut savoir à l’approche du parking depuis la piste cyclable quelles sont les réserves de places, puis à l’entrée du parking quelles sont les places disponibles dans les différents étages, pour les différents types de vélos et offres de stationnement (vélos spéciaux, places sur abonnements, etc.). Enfin, en circulant dans les allées, un code couleur et des petits afficheurs placés en tête de rangées permettent aux usagers de repérer rapidement les allées avec le plus de places disponibles et de savoir s’il reste des places sur les racks du bas, préférés des cyclistes. La signalisation dynamique optimise le temps passé par les cyclistes à trouver une place adaptée à leur vélo et augmente la fluidité de fonctionnement de ces équipements.

Figure 2 : L’information dynamique permet aux usagers de trouver rapidement une place libre. Crédit photo : Roman Ville-Glasauer, Inddigo

Le système peut être couplé avec une application sur smartphone pour ajouter des fonctionnalités supplémentaires : connaître en temps réel la disponibilité des places dans un parking donné, réserver une place, etc.

Enfin, les données recueillies par l’exploitant donnent une vision du fonctionnement de l’équipement pour pouvoir l’optimiser : connaître les rangées de places qui se remplissent en premier, savoir celles où les vélos restent le plus longtemps stationnés, celles qui ne sont quasiment jamais occupées. Ces graphiques d’exploitation permettront par exemple aux agents d’accueil d’indiquer aux usagers qu’il reste des places disponibles dans certaines rangées difficilement visibles. Plus radicalement, l’analyse de l’occupation des places dans les secteurs réservés aux abonnements annuels montre que l’utilisation de ces places est sous-optimisée et pourrait conduire à terme à la suppression de cette offre.

Figure 3 : Exemple de tableau de bord de comptage dynamique, extrait de la brochure Lumiguide. Crédit photo : lumi.guide

Connaître le temps de stationnement de chaque vélo par la mise en place d’un check-in/check-out

Avec un système de check-in/check-out, il est possible de connaître le temps de stockage des vélos dans le parking et de contrôler le paiement (ou la gratuité) du stationnement au-delà des vingt-quatre heures de stationnement.

Lorsque l’usager entre dans un parking vélo à accès contrôlé, il doit utiliser sa carte de transport en commun « Personal OV-chipkaart » ou une carte de transport anonyme qui va enregistrer instantanément l’heure d’arrivée du vélo dans le parking. Lorsque l’usager ressort avec son vélo, il scanne de nouveau sa carte devant le lecteur de sortie et le système enregistre son temps de stationnement. Par ce système, les gestionnaires du parking vélo peuvent savoir en temps réel combien de vélos y sont stockés et depuis combien de temps. Ce processus s’effectue sous les yeux des gardiens du parking qui n’hésitent pas à rappeler à l’ordre les usagers qui « oublieraient » de borner. Cette présence humaine ajoute un confort d’utilisation pour les cyclistes qui peuvent ainsi encore plus facilement accéder à des informations pratiques sur le parking vélo ou régler un problème avec le paiement ou leur badge d’accès.

Figure 4 : Accueil du parking de Leidseplein à Amsterdam, les usagers scannent leur badge en autonomie devant la guérite de l’agent d’accueil présent 24/7. Crédit photo : Roman Ville-Glasauer, Inddigo

Cette situation contraste avec les consignes françaises dans lesquelles il est souvent difficile de savoir avec précision le détail des arrivées et sorties car plusieurs usagers peuvent profiter d’une même séquence d’ouverture de la porte (un usager active le lecteur avec son badge et tient la porte pour plusieurs personnes).

Figure 5 : Portique d’accès automatique à un parking urbain d’Amsterdam. Crédit photo : Roman Ville-Glasauer, Inddigo

Les types de bornes de check-in/check-out sont variables, sous forme de portiques à portes fermées, ouvertes, ou de simples bornes sans barrière physique s’adaptant à la morphologie du parking vélo et à sa fréquentation en heure de pointe. Le processus de check-in peut varier en fonction de l’horaire, pour permettre un flux plus rapide et plus important en heure de pointe.

Dans certains parkings, il n’y a pas de bornes de contrôle et les agents font le check-in manuellement avec une douchette de lecture NFC. Le système ne doit en effet pas créer d’embouteillages lors des heures de pointe où des centaines (voir milliers) de vélos peuvent arriver en l’espace de deux heures le matin !

Figure 6 : Borne de check-in avec présence humaine dans un parking vélo de la gare d’Utrecht. Crédit photo : Elsa Cibert, Inddigo

Adapter la localisation du vélo dans le parking en fonction du temps de stationnement

A Utrecht, le parking vélo de Stationsplein dispose de 3 niveaux. Les vélos dotés d’un abonnement longue durée à l’année ont un emplacement réservé au rez-de-chaussée tandis que les autres usagers utilisent les étages supérieurs et inférieurs. L’analyse des usages de ces places a montré que les vélos y stationnaient longtemps et servaient relativement peu. Face au besoin de créer de nouvelles places autour de la gare, une solution serait de relocaliser les places dédiées aux abonnements à un emplacement moins accessible ou de supprimer cette possibilité pour optimiser l’exploitation de l’espace de stationnement.

Maîtriser le temps de stationnement

La tarification évolutive dans le temps

Ce n’est que depuis 2015 et le début du projet pilote de la gare d’Amstel à Amsterdam, comme décrit dans notre premier article sur le stationnement en gare, que la politique des 24 premières heures gratuites s’est répandue dans de très nombreux parkings vélos néerlandais. Celle-ci favorise le foisonnement, c’est-à-dire l’utilisation d’une place de stationnement par plusieurs usagers durant la journée et donc une meilleure optimisation de l’usage du parking ! Au-delà des 24 premières heures gratuites, la tarification varie en fonction des parkings. Elle est d’environ 1,35€ par jour supplémentaire avec une limite de trois semaines de stationnement sans discontinuer (au-delà le vélo est enlevé).

Figure 7 : Informations sur les services disponibles avec les 24 premières heures gratuites dans un parking vélo de la gare d’Utrecht. Crédit photo : Movares

Cette tarification a permis d’opérer un réel basculement dans l’utilisation des parkings vélos sécurisés aux Pays-Bas en incitant les cyclistes en intermodalité vélo et train à la journée à s’y stationner. Et elle a surtout réduit les durées moyennes de stationnement, la plupart des usagers préférant éviter de payer en utilisant leur vélo au quotidien.

Par cette incitation tarifaire, les cyclistes à la journée sont désormais bien plus nombreux à venir stationner leurs vélos, surtout lorsqu’un accès privilégié aux quais est pensé.

Limiter la durée de stationnement pour lutter contre les vélos ventouses

Dans la majorité des parkings vélos sécurisés néerlandais, une limite de temps d’occupation est fixée à en moyenne 3 semaines consécutives. Au-delà, le vélo est identifié par une étiquette indiquant son enlèvement pour stationnement prolongé non-réglementé. Comme expliqué dans notre premier article sur le stationnement en gare, les vélos dits « ventouses » par leur stationnement prolongé sont retirés et envoyés à la fourrière vélo. Cette politique d’enlèvement s’avère indispensable face au nombre grandissant de vélos entreposés puis abandonnés, qui, sans être enlevés, participent à dégrader rapidement la qualité du parking.

Figure 8 : Vélo étiqueté pour cause de stationnement prolongé dans un parking vélo de la gare d’Utrecht. Crédit photo : Movares

Et en France on en est où ?

La gestion de l’occupation, la tarification incitant au foisonnement et le comptage dynamique ne sont pas encore intégrés aux stationnements vélos massifiés. Le contrôle d’accès est encore majoritairement effectué par un badge activé à distance pour un abonnement annuel ou mensuel. Quelques stationnements permettent d’acheter un abonnement journée (Nantes, Grenoble, Lyon, etc.) mais les parcours clients sont souvent fastidieux et les places indisponibles. La solution de comptage dynamique a déjà été déployée dans des parkings privés (pour les salariés d’entreprises) à la Défense.

Ces sujets ont toutefois été identifiés et sont pris en compte ou intégrés aux projets de stationnements en intermodalité de nouvelle génération (Nantes, Paris, etc.).

Inddigo est un acteur incontournable pour le développement des nouvelles mobilités. Nos experts présents partout en France accompagnent les acteurs publics et privés dans l’étude et la mise en œuvre d’infrastructures et services vélos. Pour en savoir plus.

 

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