À l’occasion d’un voyage d’étude sur le sujet des parkings vélos aux Pays-Bas, initié par Ile-de-France mobilités et co-organisé par Inddigo et Movares (bureau d’études néerlandais spécialiste des parkings vélos massifiés), Roman VILLE-GLASAUER et Cécile DROUET D’AUBIGNY, Consultants Territoires, Aménagement et Mobilités chez Inddigo vous apportent un aperçu de plusieurs outils mis en place pour faciliter le stationnement vélo en zone urbaine dans une série d’articles.
Au sommaire de notre dossier :
- Comment les parkings vélos capacitaires se sont imposés aux Pays-Bas comme une nécessité pour libérer les parvis des gares ?
- Stationnement vélos dans l’espace public : le développement des parkings vélos urbains aux Pays-Bas
- La lumière et l’architecture, alliées de la qualité des parkings vélos néerlandais
- Favoriser une occupation dynamique des parkings vélos
- Un design et une signalétique intuitifs pour faciliter le repérage et l’orientation vers et à l’intérieur des parkings vélos
- Et si les parkings vélos de demain se transformaient en vélostations ?
Dans ce troisième article, nous vous proposons de revenir sur le rôle clef de la lumière et du traitement architectural dans ces espaces de stationnement vélo.
Parkings en sous-sol et sentiment d’insécurité
Face à un espace public en zone urbaine restreint et une part modale du vélo en augmentation, certaines municipalités telles que la ville d’Utrecht ou de la Haye investissent les sous-sols pour y installer des parkings vélos de grande capacité.
Les parkings vélos en sous-sol de ces municipalités comprennent des capacités de stationnement de 300 à 12 500 places avec des surfaces parfois supérieures à 8 000 m2. Ces espaces gigantesques et leurs localisations en sous-sol pourraient ainsi créer un sentiment d’insécurité ou de malaise. Mais tout est fait pour que l’on se sente bien, tant pour y circuler que pour être sûr de retrouver son vélo, grâce à la lumière et à l’architecture qui jouent un rôle essentiel dans ce confort. Différentes stratégies sont déployées : amener la lumière naturelle jusqu’au cœur des parkings souterrains par des puits de lumière ; travailler avec des matériaux translucides ou bien mettre en place un éclairage en lumière artificielle travaillé, des surfaces claires ou encore des allées larges et sans impasses. Nous vous partageons ici quelques bonnes pratiques retenues de notre visite de ces ouvrages.
Quelles solutions ?
Faire entrer la lumière naturelle jusqu’aux niveaux les plus bas
En amont de la construction de l’ouvrage, l’architecture du bâtiment peut avoir un impact significatif sur l’ambiance lumineuse du bâtiment. Faire entrer la lumière naturelle dans le parc de stationnement permet de créer une atmosphère plus naturelle, agréable et plus rassurante pour les usagers.
Puits de lumières, baies vitrées, surfaces aérées et éléments porteurs allégés, nombreuses sont les options pour apporter une lumière et une visibilité interne la plus dégagée de tout obstacle créateur de zones d’ombres.
La conception du parking de Stationsplein à la gare d’Utrecht intègre ainsi des colonnes qui supportent le parvis du parking vélo et sont également des puits de lumière à travers 3 niveaux. Les émergences des escaliers d’accès depuis le parvis supportent les vitrages de ces puits de lumières.
L’usage de certains revêtements muraux permet d’assurer la diffusion de la lumière malgré une localisation sujette aux salissures (sous une voirie surélevée, dans la gare routière) et d’autres solutions sont employées comme le verre dépoli, des panneaux de plexiglass translucide, une résille de béton ou encore le métal déployé. Ces revêtements assurent une bonne diffusion de la lumière extérieure sans permettre nécessairement la visibilité vers l’extérieur.
Éviter les impasses visuelles et physiques
La conception des parkings vélos néerlandais intègre plusieurs sorties ainsi que des allées entre les racks doubles qui débouchent des deux côtés pour ne pas se sentir isolé au fond d’une rangée de places de stationnement sans possibilité de sortie et éviter ainsi de potentielles mauvaises rencontres. Des astuces permettent d’augmenter les co-visibilités notamment l’alternance entre une rangée de stationnement double-hauteur et une rangée de simple hauteur.
Le remplacement de certaines parois techniques par du verre renforcé assure une meilleure diffusion de la lumière à l’intérieur du parking et donne la possibilité de voir arriver les autres utilisateurs, d’observer les mouvements des personnes tout en créant une animation supplémentaire de l’espace. Ainsi les rampes d’accès de plusieurs parkings sont dotées de murs transparents ce qui contribue à l’atmosphère animée et rassurante du lieu.
Choisir des revêtements clairs et des matériaux de qualité
Le choix des revêtements internes au parking vélo engendre également une réflexion optimale de la lumière naturelle ou artificielle. Choisir des couleurs claires pour les éléments de structure, les murs et les sols renforce la visibilité et la luminosité dans le parking et diminue le sentiment d’insécurité souvent lié à un environnement sombre. Le marquage des allées ou des rangées de racks par des encadrés ou des aplats de couleurs vives dynamise l’espace et oriente les usagers (cf. article concernant le design et la signalétique).
Des fresques, motifs et couleurs vives peuvent compléter l’atmosphère du parking en ajoutant des détails agréables à contempler.
Scénariser les circulations, jouer avec le mouvement
Sans que ce soit systématisé à tous les sites que nous avons visités, la conception architecturale de certains parkings est un véritable plaisir pour l’œil avec une mise en scène des circulations à l’intérieur du parking qui montre à voir le ballet des usagers circulants à vélo ou à pied. Les usagers prennent d’ailleurs plaisir à se déplacer sur les rampes des ouvrages et à se montrer sur leurs vélos. A La Haye on verra les plus téméraires emprunter les rampes mécanisées sur leurs vélos, pas tellement pour le temps gagné mais plus pour le style !
Une présence humaine complémentaire
Dans tous les parkings vélos visités, nous avons pu observer un travail très important sur la qualité lumineuse des infrastructures qui apparaît ainsi comme une nécessité dans les parkings vélos en sous-sol. Mais ce n’est pas le seul outil mobilisé pour assurer un sentiment de sécurité de l’usager lors du stationnement de son vélo. Une présence humaine sur site est très fréquente dans les parkings vélos de moyenne et grande capacité aux Pays-Bas, pour ainsi renforcer encore davantage ce sentiment de sécurité et apporter un confort inédit pour un parking vélo.
Et en France on en est où ?
Quelques réalisations et projets en cours de parcs de stationnement vélo français intègrent d’ores et déjà un traitement architectural qualitatif, des jeux de lumière, des éléments de transparence, des fresques et même une scénarisation du mouvement.
La Vélostation de la gare de Chambéry dispose d’une façade entièrement vitrée sur le pignon Sud de la gare. Non accessible au grand public, le parking des salariés de la tour Trinity à la Défense propose une façade entièrement vitrée et une animation de l’espace avec une grande fresque murale. A Nantes, le projet de « Carrousel vélo » à la Gare propose une mise en scène des circulations avec une piste cyclable intérieure en forme de huit allongé et des usagers à vélo visibles depuis la rue et l’intérieur de la gare en circulant sur un balcon.
Inddigo est un acteur incontournable pour le développement des nouvelles mobilités. Nos experts présents partout en France accompagnent les acteurs publics et privés dans l’étude et la mise en œuvre d’infrastructures et services vélos. Pour en savoir plus.
