Comme le montre l’exemple de la Chine de l’après-confinement, le report des transports en commun vers le vélo pour les déplacements courts est massif. Voici quelques pistes pour faire face aux besoins des nouveaux cyclistes.
En chine, le report des transports en commun vers le vélo pour les déplacements courts se traduit par une très forte demande sur les Vélos en Libre-Service (VLS) dont l’usage a plus que doublé dans toute la Chine et sur l’achat de vélos. Les fournisseurs se trouvent en situation de rupture et les usines de fabrication de pièces sont en rupture de stock. En France, les fabricants de vélos vont devoir reprendre leur activité dans un contexte de difficulté forte d’approvisionnement.
Le fort niveau d’équipement des ménages dans les territoires moins denses devrait permettre de répondre rapidement à la demande mais le faible taux d’équipement et les difficultés de stationnements dans les centres villes va certainement poser des problèmes d’adaptation de l’offre à la demande.
Les vélos en libre-service en première ligne
Comme vu dans notre précédent article « Les services vélo pendant le confinement », une partie des VLS sont à l’arrêt faute de personnel pour les entretenir et une autre partie a été rendue gratuite. En Allemagne notamment dans les villes moyennes où le niveau de rotation moyen des VLS est faible en période normale (2 rotations par jour), ce report peut être absorbé sans trop de difficultés. Ça devrait être le cas en France sur un certain nombre de petits réseaux qui devraient même grandement améliorer leurs ratios d’utilisation.
Dans les grandes villes et notamment à Paris et à Lyon, les opérateurs se préparent en remettant en état un très grand nombre de vélos, dans un contexte où le personnel est pourtant réduit. Ils s’attendent à une très forte croissance de la demande, comme pendant les grèves de novembre et décembre où la rotation des vélos atteignait plus de 12 à 14 rotations par jour. Les services risquent d’être sous-dimensionnés et le modèle économique des contrats calibré sur 6 à 7 rotations par jour devra être impérativement revu pour que les opérateurs puissent faire face.
L’équation est d’autant plus difficile que les opérateurs vont devoir aussi passer du temps sur la désinfection régulière des vélos mais aussi communiquer sur les gestes permettant d’utiliser les vélos sans crainte.
Des services de location longue durée qui pourront difficilement adapter leur offre
Les services de location longue durée pourront reprendre leur activité mais pourront difficilement adapter leur offre à la demande compte tenu des situations de rupture d’approvisionnement de pièces pour les fabricants.
La solution la plus rapide, activer les 9 millions de vélos qui dorment en France
Dans l’hypothèse d’une forte demande d’équipements en vélos de la part d’usagers des transports en commun, le marché des vélos neufs ne suffira probablement pas à satisfaire cette demande, avec une industrie du vélo fortement mondialisée et de nombreuses pièces produites en Chine qui seront en rupture de stock. Selon l’étude d’Inddigo sur l’économie du vélo, les français disposent d’environ 9 millions de vélos, immobilisés dans des caves, garages, etc. qui pourraient tout à fait être remis en état. Les bénévoles et salariés des ateliers vélos du réseau l’Heureux Cyclage disposent de toutes les compétences pour faciliter la réparation par des particuliers de ces vélos d’occasion, dont une bonne partie pourra sans doute repartir avec quelques réglages et une maintenance préventive. Il faudra inciter les français à remettre en état, donner leurs vélos inutilisés et acheter des vélos d’occasion par des campagnes de communication. Les réseaux de solidarités fonctionnent bien, comme le montre la mobilisation des français.es sur la fabrication des masques.
Les ateliers pourront faire face à certaines difficultés pour relancer leur activité en période de déconfinement ; notamment pour assurer des conditions de sécurité sanitaire suffisantes en limitant le nombre de personnes qui peuvent réparer un vélo en même temps dans l’atelier, les bénévoles les plus vulnérables devront par ailleurs rester confinés et ne pourront plus être mobilisés, certains ateliers font d’ores et déjà remonter des difficultés économiques dues à la perte d’activités.
Dans ces conditions, afin d’augmenter la capacité de réparation par les ateliers, les collectivités pourront soutenir l’activité des ateliers vélos participatifs via des financements exceptionnels, la mise à disposition temporaire de locaux (type activité artisanale, petite industrie) afin de stocker les vélos mais aussi d’augmenter la surface de réparation pour faciliter la distanciation sociale, mettre à disposition des moyens logistiques pour collecter des vélos d’occasion et faire de la communication auprès des habitants sur la solution vélo, et la possibilité de donner ou d’acheter un vélo d’occasion.
Les ateliers pourraient également accélérer la réparation en augmentant leurs horaires et en mettant à disposition des adhérents certaines pièces neuves particulièrement bloquantes dans la réparation des vélos, c’est le cas des roues, dont la réparation peut être fastidieuse et la production est encore heureusement fortement localisée en France.
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