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Pourquoi la pensée systémique est-elle un levier d’accélération de la transition écologique ?

Publié le : 7 décembre 2023
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Paroles d’expert : 3 questions à Laura Winn, co-fondatrice et enseignante à School of System Change à Londres

Laura Winn, , co-fondatrice et enseignante à School of System Change à Londres

Laura Winn est facilitatrice et animatrice de formation sur le changement systémique et les approches régénératives. Elle est également consultante auprès des organisations privées et publiques pour les accompagner dans la mise en œuvre de ces approches. C’est avec un très grand plaisir que toute l’équipe Inddigo a assisté à sa conférence « Comment transformer nos territoires et nos organisations grâce à des démarches systémiques régénératives ? ».

Nous en avons profité pour lui poser 3 questions que nous partageons avec vous dans cet article.

  1. Pourquoi la pensée systémique est un lever d’accélération de la Transition écologique ?
  2. Quels conseils donneriez-vous aux collectivités qui souhaitent s’engager dans la démarche ?
  3. Quels messages souhaitez-vous transmettre pour encourager les changements systémiques et régénératifs ?

 

Pourquoi la pensée systémique est un lever d’accélération de la Transition écologique ?

LW : « La transition écologique nécessite de travailler sur de nombreux sujets de façon simultanée. On ne peut pas réussir ou même amorcer cette transition sans penser à toutes les interconnexions qu’il peut exister entre les questions de climat, de gestion des déchets, d’énergie ou encore de comportements des individus comme des entreprises. Tout cela doit se penser de façon holistique.

La transition est complexe et ne peut pas se traiter de façon simplifiée. La pensée systémique propose un ensemble d’outils de réflexion et de prise de décision qui permettent de naviguer en complexité et de prendre en compte tous les éléments, même si ces derniers nous paraissent très éloignés les uns des autres de prime abord. »

Avez-vous 3 conseils à donner aux collectivités qui souhaitent transformer leurs territoires grâce à des démarches systémiques régénératives ?

  • Premièrement : il est nécessaire de regrouper des points de vue différents

LW : « Dans une démarche systémique, on ne cherche pas nécessairement à tout savoir et d’ailleurs on se rend vite compte qu’il n’est pas possible de tout savoir. En revanche, on cherche à obtenir des perspectives diverses sur les sujets. Dans le cadre d’un territoire on pourrait être amené à chercher le point de vue de la collectivité mais également celui des citoyens et des acteurs économiques. On tient compte de la terre et du territoire lui-même, de ce qu’il exprime et de ce dont il a besoin. Il faut se dire qu’il n’y a pas Une vérité, mais un assemblage de perspectives qui nous amènent à interroger la situation de façon plus holistique. »

  • Deuxièmement : le processus est aussi important que le résultat

LW : « Souvent lorsque l’on travaille sur la notion de transition on pense à l’avenir, au moment où l’on aura fait la transition. On cherche à se concentrer sur les résultats de la démarche. Or, dans une logique systémique, le processus par lequel on arrive au résultat est aussi important que ce que l’on a produit à l’instant T. Parce que le monde est en perpétuel changement, nous avons constamment besoin d’être en mode apprentissage, de garder des moments de réflexion réguliers pour faire l’état de ce que l’on a compris de nos actions, d’être en capacité de les amender, voire de changer de plans, de faire différemment. Il faut maintenir une réflexion continue, continuer à créer du changement parce que, chaque jour, le monde autour de nous n’est pas le même qu’au commencement de la démarche. »

  • Troisièmement : s’entrainer à pratiquer les approches systémiques au quotidien

LW : « Bien sûr la transition est un projet de grande échelle à mener sur du long terme, avec toutes les parties prenantes. Toutefois pour bien se saisir des enjeux de la pensée systémique, il est important de s’entraîner au quotidien à petite échelle.  Même seul, on peut s’habituer à penser « en dehors de la boîte », à réfléchir à des connexions entre différents éléments. En entreprise, on peut se pencher sur les interrelations entre les départements ou entre les différentes thématiques sur lesquelles on travaille. On peut envisager de faire notre réunion d’équipe différemment pour engager plus de perspectives. On peut arrêter les listes à puces dans nos documents très formatés et au contraire voire comment les points se relient les uns aux autres. Cessons de tout mettre dans des boîtes et créons de la reliance. Pour moi, ce n’est pas juste une « Pensée systémique » c’est une « Pratique systémique » qui, il est vrai, est assez différente de nos cultures et de nos pratiques professionnelles habituelles. »

Avez-vous envie de transmettre des messages pour encourager les changements systémiques et régénératifs ?

  • Cesser de vouloir tout diriger et se reconnecter à la capacité du Vivant à se régénérer

LW : « Lorsque l’on regarde l’état du monde aujourd’hui et ce que les sociétés humaines ont produit comme grands défis, que ce soient les inégalités sociales, la pollution plastique, le changement climatique ou encore des difficultés d’imperméabilisation des territoires par exemple, on se retrouve face à tellement de choses que l’on peut vite être découragé. On se dit alors qu’on ne peut pas arriver à faire marche arrière, qu’il est impossible de construire une société humaine qui puisse être régénérative vis-à-vis de la nature et non dégénérative. On se demande comment faire.

Pour moi, la clé c’est de se réaligner avec le Vivant, de mettre à notre disposition sa puissance régénérative, s’appuyer sur sa capacité à s’adapter, à trouver de nouvelles coopérations inter-espèces. Le Vivant évolue toujours face au changement vers de plus en plus de complexité et de richesse d’interactions.

Dès qu’on arrête d’essayer de tout contrôler nous les humains, la nature, elle, trouve les moyens de s’épanouir de façon assez étonnante. On l’a vue petit à petit reprendre sa place suite à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl ou refleurir dans des zones complètement bétonnées. On a vu également les espèces sauvages qui, en quelques semaines seulement pendant les périodes de confinement, ont commencé à réinvestir des zones auxquelles elles n’avaient plus accès. Tout cela est porteur d’espoir. »

  • Les approches régénératives sont forcément territoriales

LW : « Pour qu’une approche régénérative s’appuie sur la puissance du Vivant à se restaurer, à se regénérer, il faut nécessairement tenir compte des spécificités du territoire. Il faut s’appuyer sur sa singularité, sa géologie, sa flore et sa faune spécifique, la façon dont l’eau évolue localement, l’histoire et la culture de ses habitants. Il n’est pas possible de choisir des actions dans un catalogue, ou reproduire à l’identique des bonnes pratiques repérées ailleurs en étant persuadés qu’elles vont nécessairement fonctionner.

Les approches régénératives ne peuvent pas être conçues de façon dogmatique, elles sont une émanation des territoires. Cela leur confère un rôle très important. Les collectivités doivent révéler les potentiels de leur territoire pour leur propre transition écologique et contribuer ainsi plus largement à la transition écologique de la France. »

 

Pour aller plus loin :

Consultez l’article Comment transformer nos territoires et nos organisations grâce à des démarches systémiques et régénératives ? qui donne de premiers éléments de réponse basés sur des échanges avec Laura WINN et sur l’ouvrage « Pour une pensée systémique » de Donella H MEADOWS.

Retrouvez notre actualité dédiée à la sortie du livre « Pour une pensée systémique » (inddigo.com). Écrit par Donella Meadows, co-autrice du célèbre rapport Meadows, cet ouvrage est publié aux éditions Rue de l’échiquier en partenariat avec Inddigo.

 

 

 

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