L’association La Toupie est lauréate de notre Appel à Projets solidaires 2023/2024. Elsa Donon, sa fondatrice, nous a accordé une interview pour donner suite à l’annonce du soutien d’Inddigo pour les années à venir. Elle nous présente le rôle de l’association et sa volonté de de réduire le gaspillage des jeux et jouets, faciliter l’insertion sociale et sensibiliser aux enjeux de la consommation responsable.
Bonjour Elsa, pouvez-vous présenter ?
Bonjour, je m’appelle Elsa Donon et je suis la fondatrice de l’association La Toupie. J’ai un parcours d’ingénieure agronome et j’ai travaillé plusieurs années dans des structures liées à l’environnement, puis 5 ans dans une collectivité en tant que chargée de mission pour la promotion de l’économie circulaire. Je traitais des sujets liés au gaspillage alimentaire, à la gestion des ressources, au compostage, etc. Mon expérience m’a permis d’acquérir la connaissance du tissu d’acteurs du monde de la réduction des déchets, et d’acquérir une expertise sur le fonctionnement des recycleries. Et puis surtout, cela m’a donné des idées de projets qui manquaient et qu’il serait intéressant de mettre en place, comme une recyclerie destinée aux jeux et jouets !
Au quotidien, je m’occupe de la stratégie, de l’organisation, des collectes, de la vente à la boutique, de la communication et des partenariats !
Pouvez-vous présenter l’association La Toupie ?
La Toupie est une recyclerie spécialisée dans le réemploi des jeux, jouets et livres jeunesse. Nos objectifs sont de réduire le gaspillage, de faciliter l’inclusion et de sensibiliser aux enjeux d’une consommation responsable. Nous avons 4 activités :
- La collecte en apport volontaire, dans les entreprises, les structures de l’enfance ou les déchetteries
- Notre objectif est de faciliter le geste de don et multiplier les points de collecte pour capter un nouveau gisement
- La valorisation (nettoyage, vérification de l’intégrité, petite réparation, recomposition de lots et détermination d’un prix) à l’atelier
- Nous apportons un grand soin à cette étape afin de proposer des jouets de qualité, valoriser l’image de la consommation de seconde main et pour convenir aux exigences des professionnels de l’enfance
- La vente aux particuliers et professionnels de l’enfance, en ligne et dans la boutique située au centre de Chambéry
- La sensibilisation du jeune public notamment, aux enjeux environnementaux et sociaux de nos modes de consommation, avec le jeu comme support. Nous travaillons à l’organisation de visites de l’atelier et la boutique prouve que l’on peut acheter d’occasion des objets de qualité et propres.
Les débuts du projet datent de l’année 2021. Nous avons mené l’étude d’opportunité, créé des liens avec les acteurs du territoire et constitué le Comité de Pilotage. En 2022, nous avons bénéficié du parcours d’incubation spécifique aux projets d’Économie Sociale et Solidaire avec ID-cube. France Active et Grand Chambéry nous ont aussi soutenus pour mener une phase de test de l’activité. Le démarrage officiel s’est fait en octobre 2022 et en 4 mois, plus de 2 tonnes ont été collectées et 2 325 jouets et livres remis en circulation !
La Toupie se compose d’un conseil d’administration comprenant 5 personnes, ainsi que d’une vingtaine d’adhérents, qui donnent des coups de main bénévolement. Nous avons aussi l’aide précieuse de personnes en Service Civique pour le fonctionnement de l’atelier et de la boutique.
Comment vous est venue l’idée d’offrir une seconde vie aux jeux et jouets ?
On fait face à une véritable sous-utilisation et à un gaspillage immense, alors qu’il existe des moyens d’échanger, de donner, etc.
L’idée part de plusieurs constats. Aujourd’hui, nous jetons 100 000 tonnes de jouets par an en France. L’utilisation moyenne est de 8 mois par jouet alors qu’ils ont des durées de vie beaucoup plus importantes. On fait face à une véritable sous-utilisation et à un gaspillage immense, alors qu’il existe des moyens d’échanger, de donner, etc. Les jouets sont emblématiques et pertinents pour parler aux enfants et pour éduquer les plus jeunes à la transition écologique. Partir du jouet comme support, c’est plus touchant.
En parallèle, la précarité touche nos territoires et nous avons besoin de structures capables d’’accompagner les personnes vers l’emploi. Aussi, le territoire de Chambéry est très porteur sur le sujet du réemploi : il existe par mal d’initiatives qui œuvrent pour limiter le gaspillage dans différents domaines (matériaux de construction, skis, objets du quotidien, vêtements, etc.) et promouvoir l’insertion par le travail.
En quoi ce projet est-il innovant ?
Pour moi, La Toupie est innovante déjà parce qu’il n’y avait pas encore de recyclerie dédiée aux jeux et jouets sur le territoire. Comme nous sommes spécialisés dans le jouet, nous pouvons accorder un grand soin à la valorisation. Cette expertise nous permet de vendre des jouets de qualité, bien contrôlés et accessibles à tous. En plus de valoriser l’image de la consommation d’occasion en général, cela nous permet de toucher la clientèle des professionnels de l’enfance (crèche, assistants maternels, etc.) qui n’ont pas l’habitude de se fournir en objets d’occasion.
En plus des bénéfices environnementaux sur la réduction des déchets, la promotion du réemploi et la sensibilisation des plus jeunes aux enjeux d’une consommation responsable, nous accordons une grande importance aux bénéfices sociaux. L’activité de La Toupie permet la création d’emplois en insertion, avec des missions variées et valorisantes. La nature des missions s’adresse aussi très bien à un public féminin, qui peine aujourd’hui à s’intégrer dans les parcours d’insertion.
Selon vous, ce projet peut-il se démultiplier ?
Ce type de projet est déjà en train de se multiplier sur le territoire français. Il existe des modèles d’autres recycleries spécialisées dans les jouets, à Vitry sur Seine ou Villeurbanne par exemple.
Aussi, le contexte règlementaire est favorable. Depuis 2022 les producteurs de jouets doivent contribuer à leur fin de vie grâce à l’écocontribution. Cela participe à la prise de conscience des industriels. L’éco-organisme Ecomaison, agréé par les pouvoirs publics pour prendre en charge la filière des jouets, soutient le développement de structures comme la nôtre. Des réseaux comme Solucir auquel nous adhérons, ou Rejouons Solidaire accompagnent et promeuvent ces initiatives.
Enfin, le secteur public de l’accueil des jeunes enfants est en train d’évoluer, avec par exemple l’obligation pour les structures d’intégrer 5 % de jouets issus du réemploi dans leurs achats. Elles sont donc à la recherche de solutions.
Quelles sont les prochaines étapes ?
L’objectif de 2023 : être plus nombreux pour pérenniser et professionnaliser l’activité de La Toupie et créer des emplois !
Après un an de bénévolat, je suis depuis peu la première salariée de l’association ! C’est très symbolique ! Aussi nous souhaitons devenir un Atelier Chantier d’insertion. L’agrément est en cours de validation, avec les premiers salariés attendus pour septembre. Et nous accueillerons un responsable du développement commercial dès la rentrée !
Quel a été votre ressenti quand vous avez appris le soutien d’Inddigo ?
C’est chouette d’avoir un partenariat concret avec une entreprise présente sur le territoire ! Surtout, c’est toujours réconfortant de voir que le projet parle et touche des personnes. Ça conforte l’idée qu’il a sa place et est légitime. Ça donne espoir pour le futur et ça va dans le bon sens !
Quelle forme va prendre le soutien d’inddigo ?
Le soutien financier d’Inddigo va faciliter la pérennisation et le déploiement du projet dans son ensemble. Un soutien en compétence, notamment pour le volet comptabilité et en communication sera apporté. En plus de l’appui financier, notre volonté est de construire un partenariat fort entre La Toupie et Inddigo : animations qui impliquent les salariés, visites de l’atelier, participation à la valorisation des jouets sur une demi-journée par exemple, intégration du Comité de Pilotage de La Toupie, etc.
Le site de La Toupie : www.latoupie-savoie.fr
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