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Retour sur le congrès AMORCE 2021

Publié le : 19 novembre 2021
Auteur : Gaëtan Rémond
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Du 20 au 22 octobre dernier s’est tenu le congrès AMORCE, le réseau national des territoires engagés dans la transition écologique. L’association compte désormais plus de 1 000 adhérents, et son congrès est une occasion unique de faire le point sur les dernières avancées en France dans les domaines de l’eau, de l’énergie et des déchets. Retour sur quelques faits saillants de cette 35ème édition.

 

L’eau en filigrane

L’actualité des déchets est très intense avec la poursuite de mesures phares comme :

  • le développement des REP – Responsabilité Elargie des Producteurs, même si la REP Bâtiment du 1er janvier 2022 est annoncée avec un retard de plusieurs mois
  • le déploiement de la collecte des biodéchets : le recours au Traitement Mécano-Biologique ou TMB reste possible mais après la mise en place d’une collecte sélective
  • la hausse de la Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP) : Nicolas GARNIER, Délégué Général de l’association a à ce sujet ravivé l’idée d’une TGAP pour les metteurs sur le marché de produits non recyclables.

Enfin, l’actualité énergie n’est pas en reste avec le déploiement du décret tertiaire, la mise en place du nouveau Diagnostic de Performance Energétique (DPE), la Réglementation environnementale des bâtiments neufs (RE2020) ou encore le Service public de l’efficacité énergétique de l’habitat qui mute une nouvelle fois du programme FAIRE vers France Renov’.

En comparaison, l’actualité de l’eau apparaît assez calme. L’eau est d’ailleurs la grande absente des préoccupations de la convention citoyenne. Cela peut s’expliquer par le fait que l’eau pèse moins sur les dépenses moyennes des ménages français. Pour mémoire, les dépenses moyennes en énergie et mobilité s’élèvent à 3 000 €/an, contre 600 €/an pour les déchets et 400 €/an pour l’eau. Mais une grande loi sur l’eau pourrait s’annoncer pour le prochain quinquennat, ne serait-ce que pour mieux gérer les nombreux polluants persistants.

Les bombes à retardements de Jean TIROLE

Ce sont tous les sujets dont les pouvoirs publics peinent à s’emparer : réchauffement climatique, vieillissement et inégalités, sans parler des autres (éducation, …). Face à l’enjeu climatique, Jean TIROLE, Président honoraire de l’École d’économie de Toulouse (TSE) et de l’Institut d’études avancées de Toulouse (IAST), lauréat du Prix Nobel d’Économie 2014, souligne « qu’il faut reconnaître que les mesures écologiques sont régressives et créent des inégalités ».

Il critique aussi le mythe de la croissance verte avec augmentation du pouvoir d’achat : « ça va forcément coûter de faire la transition ». Il réaffirme la nécessité de donner un prix au carbone, pour ne pas dépenser plus que nécessaire et pouvoir comparer et guider les politiques publiques (avec l’indicateur de l’€/tonne évitée), mais en faisant une redistribution explicite aux ménages les plus impactés par cette taxe carbone.  En effet, en l’absence de redistribution explicite, les ménages les plus dépendants (de la voiture thermique, du chauffage au fuel, etc.) pourraient être davantage pénalisés. Selon lui, le « signal prix » d’une simplicité biblique, est très efficace. On perçoit néanmoins que la mesure des émissions carbone ne peut pas tout synthétiser : quid de l’épuisement des ressources, de la biodiversité, de la qualité de l’air, de la qualité de l’eau ? C’est aussi la limite des budgets verts, budget carbone ou « ». Ils permettent d’interroger et de sensibiliser des parties prenantes peu sensibilisées à l’environnement, en « coloriant » les actions d’une collectivité selon leur impact carbone. C’est le sens du projet de taxonomie européenne, qui sera une véritable comptabilité extra-financière carbone, aussi complexe qu’une comptabilité financière comme on la connaît, et viendra qualifier les dépenses selon leurs impacts en termes d’émissions de Gaz à Effet de Serre.

La flambée des prix de l’énergie

Cette flambée des énergies fossiles conforte les choix de l’efficacité énergétique et des Energies Renouvelables et de Récupération (ENR&R). Mais Olivier DAVID, Chef du service du climat et de l’efficacité énergétique – Direction générale de l’énergie et du climat, Ministère de la Transition écologique a rappelé que la transition écologique ne sera pas une réponse suffisamment rapide et qu’il faut des « amortisseurs » pour protéger les plus fragiles et les plus exposés. Les objectifs de développement des ENR&R électrique de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) sont presque respectés, mais la chaleur renouvelable accumule du retard, hormis le développement des pompes à chaleur. Si le Plan de relance post crise sanitaire concernait beaucoup les territoires, le plan France 2030 lui aussi doté de 30 milliards d’euros apparaît beaucoup plus technologique et déterritorialisé en mettant à l’honneur le nucléaire et l’hydrogène. A la question de savoir si ces nouvelles installations nucléaires ne vont pas générer des oppositions locales comme pour l’éolien ou maintenant la méthanisation, il est précisé que les nouveaux sites nucléaires seront implantés sur les sites existants. Mais comme le rappellera plus tard Barbara POMPILI, Ministre de la Transition écologique, il faudra au moins 10 ans pour construire ces centrales, et les ENR&R restent essentielles car la transition doit se faire rapidement.

La menace de notre addiction au plastique

Ce fut certainement la plus marquante, l’intervention de Nathalie GONTARD, Directrice de recherche – INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) a fait l’effet d’une claque.

Elle nous rappelle que le plastique implique des enjeux économiques énormes et qu’il a envahi tous les secteurs industriels. Notre consommation avoisine l’équivalent de notre poids corporel chaque année, 11 tonnes/seconde dans le monde, 9 milliards de tonnes accumulées depuis les années 50. D’ici 10 ans, on produira plus de plastiques que depuis le début de l’humanité.

Hélas, le plastique ne sait pas réintégrer le cycle du carbone et les cycles géophysiques minéraux comme le verre et les métaux, il se fragmente pour plusieurs siècles et voyage dans tous les compartiments air, eau, terre même dans la biosphère quand il devient microscopique ou nanoscopique. Les analyses de cycle de vie ne comptent que les émissions, et ne quantifient pas le vrai danger du plastique : son accumulation ! Mais le plus choquant, c’est que seuls 32% des plastiques sont recyclés en Europe, et seulement 2 à 3% sont en « recyclage fermé » (bouteilles en PET) pour régénérer de la résine vierge.

Les efforts de collecte et de centre de tri, permettent seulement de faire du « décyclage » : le pastique n’est pas régénéré, il est transformé en chaises, en poteaux de vigne, en vêtements… et finira tout de même en déchet plastique. C’est une forme de tromperie qui risque de peser lourd dans les années à venir.

Faire adhérer autour de la transition énergétique

Le congrès s’est terminé par une table ronde de réflexion sur comment mieux faire accepter un projet de transition de territoire. Enfouissement de déchets, Unité de Valorisation Energétique (UVE), éolien, méthanisation et maintenant même chaufferie bois, les sujets ne manquent pas dans ces domaines. Si la transition est plus présente dans les débats, c’est d’abord l’effet de la prise de conscience citoyenne, mais aussi le nombre de projets qui sont de plus en plus massifs et nombreux.

La dégradation de la qualité de l’information cultive la défiance, les experts et élus sont régulièrement remis en cause, alors que la clé pour que ça marche, c’est la confiance. Il faut poser clairement les règles en amont et la portée du débat : « Je suis élu, il n’y aura pas forcément de consensus, c’est moi qui devrai trancher, mais je veux votre éclairage. ». D’où l’intérêt de concerter le plus tôt possible ; lorsque plusieurs scénarios sont encore sur la table, pour ne pas donner l’impression que les jeux sont faits.

C’est avant tout un débat d’opportunité avant même de se questionner sur le projet : à quelles conditions techniques, financières et environnementales règle-t-on le problème ? Et il faut du temps pour recruter et former les participants aux travaux de concertation.

Chez Inddigo, nous prônons une transition socialement juste et écologiquement ambitieuse qui se traduit chaque jour dans nos métiers et dans notre raison d’être : « Accélérer la transition par des expertises et solutions innovantes, conciliant respect du vivant et bien-être humain, pour habiter durablement les territoires ».

Inddigo agit depuis plus de 30 ans pour la prévention et la gestion des déchets et pour l’optimisation énergétique afin d’accompagner les territoires dans leur transition.
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Inddigo adhère à AMORCE depuis 1996 et est membre de son Conseil d’Administration depuis le 03 février 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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