État, intercommunalités, Régions, départements, entreprises ont chacun un rôle essentiel pour favoriser l’usage du vélo. Après un tour d’horizon de l’implication des différents acteurs, nous envisagerons les prochains caps qu’il nous semble important de passer pour une pratique plus soutenue.
L’État a un rôle incitatif et d’impulsion très important
Nous avons pu le constater avec la promulgation de la loi d’orientations des mobilités (LOM), l’État à un rôle indispensable qui se matérialise au travers notamment de mesures financières ou de mesures réglementaires et fiscales. Certes, on peut regretter un investissement financier faible : le Plan vélo en France c’est 350 millions d’euros sur 7 ans, soit 50 millions d’euros par an, soit moins d’un euro par an et par habitant alors qu’il faudrait, selon nous, mettre 30 euros par an et par habitant dans la politique cyclable. Effectivement, l’investissement devrait être plus important car il est très très loin derrière celui proposé à l’industrie automobile. Cependant, même avec des fonds relativement faibles, l’État joue un rôle extrêmement important et son engagement a un effet de levier considérable.
En voici 2 exemples :
- Dans le cadre de la loi d’orientation des mobilités, l’État a mis en place avec l’ADEME un programme d’accompagnement des collectivités rurales ou des petits EPCI dans le développement de leur politique vélo. Parmi les soutiens proposés par l’ADEME, ce programme a été celui qui a eu le plus de sollicitations et le plus d’attentes. L’appel à projets pour les nouvelles mobilités est celui qui a reçu le plus de dossiers montrant ainsi l’engouement pour le développement de la pratique et le rôle majeur de l’État et des établissements publics placés sous sa tutelle.
- Un autre exemple très probant de son rôle sur les questions de réglementation et de fiscalité est la mise en place du forfait mobilité.
Les intercommunalités sont des opérateurs fondamentaux de la mobilité cyclable
La loi LOM a donné un rôle aux EPCI dans l’organisation de la mobilité à vélo. Ce rôle est à la fois majeur sur les infrastructures, les services, que ce soit la location ou le stationnement, mais également sur la promotion et l’accompagnement au changement de comportements.
Les grandes agglomérations ont été les premières à se saisir du sujet mais on constate que les agglomérations de taille moyenne et les agglomérations rurales leur emboitent le pas. Elles développent leurs compétences et leurs programmes pour accompagner le développement du deux-roues.
Les Régions sont les garants de l’intermodalité, des grands itinéraires cyclables et des politiques touristiquesLes Régions ont un rôle dans l’accompagnement des intermodalités entre le train et le vélo : équiper les gares, embarquer les vélos dans les trains sont des actions qui nécessitent leurs concours. Les départements assurent l’accompagnement technique de petites collectivitésGrace à leur compétence routière, les départements endossent un rôle important d’accompagnement technique des petites collectivités et notamment les collectivités rurales qui ont des moyens limités. Ils ont également un rôle social de premier ordre pour encourager la pratique du vélo auprès de certaines cibles de population comme, notamment, les collégiens.
Les entreprises ont également un rôle majeur à jouer dans le développement de l’usage du vélo et nous avons accordé un article à ce point, tant il est important. |
Quels sont les prochains caps à franchir pour encourager la pratique du vélo ?
- En 1, le développement des aménagements cyclables
- En 2, le développement des services
- En 3, l’accompagnement du changement
Un grand pas a été fait ces derniers mois avec la mise en place d’un cadre juridique propice à favoriser la pratique du vélo. Selon nous, il manque sans doute une chose d’un point de vue réglementaire : que les communautés de communes et les communautés d’agglomération puissent prendre un rôle direct de maîtrise d’ouvrage des aménagements cyclables. On souffre en France d’une maîtrise d’ouvrage trop éclatée. Les métropoles ont une compétence voirie qui leur permet de créer des aménagements cyclables beaucoup plus vite que les intercommunalités qui ont besoin également d’aménagements cyclables de qualité.
En matière d’aménagements cyclables, la France est en retard. Il faudrait atteindre environ 1,5 mètres à 2 mètres d’aménagements cyclables par habitant là où on est à 0,5. Pour atteindre cet objectif, il faut créer 100 000 km d’aménagements cyclables dans les 10 ans et c’est tout à fait faisable. Pour cela, il faut que ce développement soit coordonné avec l’appui des EPCI, financé notamment dans le cadre de financements verts, et impulsé par l’état, les Régions voire des Départements.
La deuxième chose importante concerne le développement des services, particulièrement les services de stationnement. Sans stationnements de qualité, sécurisants et généralisés, il est difficile d’envisager l’achat d’un vélo de qualité et coûteux. Par ailleurs, la location en libre-service et la location longue durée auraient, elles aussi, beaucoup à gagner avec le développement du stationnement.
Enfin, après les infrastructures et les services, il paraît essentiel d’accompagner les changements de comportements.
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