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Trois outils pour mettre en pratique le biomimétisme urbain

Publié le : 6 mai 2021
Auteur : Rémy DUGOUJON
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Ou comment les solutions fondées sur la nature, l’économie circulaire et la Permaculture sont des axes à explorer pour une ville biomimétique ?

L’adoption de reflexes d’inspiration du vivant dans la fabrication de la ville dans son ensemble (composantes, géographie, etc.) est une stratégie en développement, qui jouit d’une certaine dynamique, mais qui reste encore émergente. Il n’y a pas encore de méthodes ou de formes d’application reconnues, pas de boîtes à outils ni de modèles.
Néanmoins, le biomimétisme urbain repose sur plusieurs notions ou concepts qui peuvent accompagner sa traduction pratique dans le domaine de l’urbanisme et de la gestion de la ville. Nous en explorons 3 dans cet article :

  • Les solutions fondées sur la nature,
  • L’économie circulaire & le métabolisme urbain
  • La Permaculture

D’autres concepts seront abordés dans de futurs articles consacrés au biomimétisme urbain.

# 1 – Les solutions fondées sur la nature

Les solutions fondées sur la nature sont un concept introduit et cadré par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) qui les définit comme « les actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité. »

En quoi le concept de Solutions fondées sur la nature est-il un appui au principe du biomimétisme ?

Les solutions fondées sur la nature dans les projets urbains permettent de dépasser le principe d’analogie ou de métaphore supposé par la notion de biomimétisme pour y associer une dimension plus centrale de la nature : la production de biens et de services directs et indirects.
Les solutions sont littéralement fondées sur la nature puisqu’elles reposent sur une conservation ou une reproduction adaptée de celle-ci afin d’en obtenir des services.
La recherche d’un bouquet de services (écosystémiques) ou les logiques de mutualisation de services assurées par une seule et même infrastructure écologique (par exemple, une forêt urbaine), peuvent se rapprocher de cette vision systémique, par le biais d’une logique multifonctionnelle. Dans tous les cas, nous restons sur une même logique : créer des aménagements paysagers ou architecturaux qui peuvent imiter un écosystème naturel, assurant eux-aussi un rôle de niche écologique ou d’habitat naturel, en mesure de fournir les services recherchés. Il s’agit d’un biomimétisme de reproduction (différent d’un biomimétisme d’analogie ou métaphorique).

La production, l’entretien et l’accès aux services écosystémiques et, de manière générale, les solutions fondées sur la nature, reposent sur un préalable majeur : être en présence de nature. Cela suppose qu’il faut assurer à la base la présence de mécanismes naturels et donc générer (ou conserver, régénérer, etc.) des sols vivants, y associer des espèces végétales adaptées au contexte et créer les conditions d’existence de la nature et de sa biodiversité.

Inddigo développe une approche de la ville inclusive de la nature et des services qu’elle rend, de manière à faire de la biodiversité une source de solutions, d’inspiration et de résilience urbaine.

Inddigo développe une approche de la ville inclusive de la nature et des services qu’elle rend, de manière à faire de la biodiversité une source de solutions, d’inspiration et de résilience urbaine.

# 2 – L’économie circulaire et le métabolisme urbain

Une des grandes caractéristiques d’un écosystème est sa formidable capacité à produire et à transformer la matière. Cette chaîne peut se rapprocher d’une boucle dans le sens où elle fonctionne essentiellement par des mécanismes d’auto-alimentation et surtout de recyclage. Elle est d’autant plus vertueuse, que les intrants sont disponibles naturellement en abondance et que les extrants sont des externalités positives à l’ensemble des êtres vivants de l’écosystème. Elle est également en général très efficace sur le plan énergétique.

L’écosystème possède un métabolisme fait de flux équilibrés et utiles à l’ensemble du système. Les multiples interactions et transformations qui s’y opèrent sont un modèle d’optimisation.
Un écosystème peut être plus ou moins productif et abondant, il fonctionne sur une logique d’efficacité, d’optimisation et de sobriété, son fonctionnement étant l’expression d’un moindre effort pour un rendement maximal. C’est un des aspects fondamentaux de la nature qui est à l’origine de la Permaculture, notion développée plus loin dans l’article.

Les stratégies d‘économie circulaire s’inspirent de ce mécanisme métabolique de l’écosystème. Elles visent une rationalisation des flux et une optimisation de l’utilisation des ressources, afin de créer des boucles les plus autonomes possibles, en passant notamment par des logiques de mutualisation des besoins et d’interactions imbriquées entre composantes du système. L’économie circulaire a longtemps été une question industrielle, associée aux mécanismes de production de biens. Elle est aujourd’hui également un axe majeur de réflexion en matière d’écologie urbaine et territoriale, dépassant ainsi le domaine de la production industrielle.
Inddigo développe une offre de service en matière d’économie circulaire urbaine et territoriale, couvrant plusieurs domaines de l’écosystème urbain. Sont intégrés dans la boucle les questions alimentaires et agricoles (boucle « du champ à l’assiette »), le cycle de l’eau ou encore la valorisation des déchets ménagers.

L’économie circulaire et les logiques de métabolisme urbain constituent une concrétisation du biomimétisme appliqué à la ville. Le biomimétisme est d’ailleurs à l’inverse une source de développement des logiques d’économie circulaire. En effet, les multiples chaînes de bénéfices réciproques et de recyclage des écosystèmes naturels peuvent continuer à inspirer des innovations dans ce domaine.

# 3 – La Permaculture

La Permaculture, inspirée du modèle agricole du japonais Masanobu Fukuoka et théorisée en Australie (Tasmanie) dans les années 70 (Par Bill Mollison et David Holmgren), peut se définir comme un ensemble de méthodes qui s’inspirent des potentialités de la nature pour proposer des organisations humaines et des systèmes de production agricole autonomes, abondants et durables.
On peut considérer que la permaculture est le mélange d’un réflexe biophile (terme désignant l’amour du vivant), d’une connaissance des écosystèmes naturels (écologie des milieux et biologie) et d’un objectif agronomique.
La permaculture propose de s’inspirer de la nature pour concevoir des environnements productifs accessibles à tous, inclusifs et en capacité de prendre soin de l’Homme comme de la planète. Concept systémique par excellence, il s’agit également d’une philosophie, porteuse de principes et d’éthiques.

Pourquoi la permaculture peut-elle constituer une traduction du biomimétisme ?
La permaculture est une forme de biomimétisme appliquée plutôt aux environnements agricoles. Elle repose sur une reproduction, un mimétisme des formes de la nature et des associations végétales spontanées. Comme dans la nature, elle cherche ainsi à minimiser les dépenses énergétiques pour maximiser les productions, dans une logique d’autonomie du système. L’écosystème agricole est également et avant tout un écosystème, c’est-à-dire un support de la vie et de sa diversité. La biodiversité est alors membre du système, une alliée à part entière, tout comme l’être humain.

Comment la permaculture peut-elle inspirer la ville ?
Il s’agit d’un champ d’exploration aujourd’hui très ouvert et qui reste largement à développer. La permaculture peut déjà inspirer des modèles d’agriculture urbaine « intégrés » et donc contribuer par ce biais à la résilience de la ville. Mais pour aller plus loin, il s’agirait de voir dans quelle mesure les principes et les enseignements de la permaculture pourraient influencer ou inspirer la ville comme système, dans sa globalité.

Pour donner un aperçu rapide, voici comment deux principes de la permaculture pourraient se traduire en matière d’urbanisme :

  • Valoriser la diversité.
    La nature a une capacité extraordinaire à diversifier à la fois le vivant et le comportement des êtres vivants entre eux et par rapports aux aspects inertes de la nature que sont l’eau, la lumière, le sol. Valoriser la diversité dans le jardin est une manière de rendre le système plus résilient aux attaques et plus productif, mais aussi de le rendre plus riche et en mesure de satisfaire à de multiples besoins. Cela nous amène à réfléchir à la transposition de ces mécanismes de diversité à la ville, pour qu’elle soit plus productive, équilibrée, résistante : diversité de services, de typologies de lieux, de moyens de locomotions et de mobilité, c’est-à-dire offrir le plus de solutions possibles pour qu’il y ait choix et adaptation à la demande du citadin.
  • Accepter l’autorégulation et les boucles de rétroaction.
    Après 3 milliards d’années d’évolution la nature sait comment évoluer quand il le faut. Elle sait se régénérer, se reconstituer sans être à l’identique de ce qu’elle était avant. Cette plasticité, cette capacité de retour en arrière et d’amélioration, du moins de renouvellement, est une vraie source d’inspiration pour la ville, dont on connait le dévorant besoin de rénovation et de modernisation permanent. Ce principe se traduit aujourd’hui dans les stratégies d’urbanisme tactique. Des aménagements pionniers ou éphémères sont mis en œuvre pour initier une dynamique d’usage. Ils peuvent ensuite évoluer, muter ou rester sans bloquer l’évolution de leur environnement, voire au contraire en l’alimentant.
Piste cyclable temporaire avec un balisage jaune au sol pour décrire l'urbanisme tactique
Urbanisme tactique : piste cyclable provisoire installée à Aix-les-Bains pendant la pandémie de Covid-19 ®Julien Wasserscheid-Inddigo

Les principes de la permaculture sont des clés de réflexion. Ils sont un point de départ. Enrichi et alimenté par une vraie connaissance de la nature et des écosystèmes (stratégies de diversification, de rétroaction et d’adaptation, …), ils peuvent devenir un puissant modèle de réflexion et de production de la ville.

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