L’économie circulaire au service du développement durable

Publié le : 21 septembre 2020

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L’économie circulaire propose une série d’outils nécessaires pour tendre vers la durabilité. Quels sont les objectifs de développement durable (ODD) visés par l’économie circulaire ?

Alors que le Développement Durable est un concept qui s’inscrit à long terme décliné à travers l’atteinte de 17 objectifs, l’économie circulaire est une approche très opérationnelle. Elle propose plusieurs outils permettant d’agir à différents niveaux, de la conception des produits aux comportements de consommation en passant par l’organisation des tissus économiques, dans une approche nécessairement systémique pour coordonner des actions. Elle passe par l’agir local et l’agir global. Sa finalité est la réduction et l’optimisation de la consommation des ressources. Elle contribue à redonner une place cohérente à l’anthroposphère au sein de la biosphère.
Consommer moins de matières et d’énergies est un élément clé du Développement Durable. C’est l’objectif principal visé par l’économie circulaire. Directement ou indirectement, l’économie circulaire contribue également à atteindre d’autres objectifs du DD, mêmes des dimensions éthiques et sociales. On vous en dit plus ci-dessous.

Les Objectifs de Développement Durable influencés par l’économie circulaire

ÉTABLIR DES MODES DE CONSOMMATION ET DE PRODUCTION DURABLES
De par sa raison d’être, c’est l’objectif auquel l’économie circulaire contribue le plus directement pour limiter les impacts de l’activité humaine sur la biosphère.

PRENDRE D’URGENCE DES MESURES POUR LUTTER CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LEURS RÉPERCUSSIONS
Moins nous consommerons de ressources, moins nous émettrons de gaz à effets de serre. Plus nous serons efficaces dans la gestion des ressources, plus nous limiterons de fait leur partie carbonée. Alors oui, très concrètement l’EC participe à l’atteinte ce cette ambition.

BÂTIR UNE INFRASTRUCTURE RÉSILIENTE, PROMOUVOIR UNE INDUSTRIALISATION DURABLE QUI PROFITE À TOUS ET ENCOURAGER L’INNOVATION
L’écologie industrielle, l’éco-conception, l’économie de la fonctionnalité qui sont dans la boîte à outils de l’économie circulaire sont pleinement au service de cet objectif. Ce sont des leviers indispensables pour atteindre l’objectif.

L’éco-conception a un impact sur les produits et les services
L’éco-conception vise à intégrer l’environnement des la conception du produit ou du service, et ceci pour chacune des étapes de son cycle de vie. L’objectif est de faire les choix permettant de limiter au mieux ces impacts.
L’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC) influe sur les modèles économiques
L’EFC invite les entreprises à se concentrer sur les effets utiles réellement produits (et donc achetés par leur client) et à lui garantir une performance d’usage au lieu de leur proposer la simple vente d’un bien ou d’un service selon nos amis de Pikaia.
L’écologie Industrielle et territoriale (EIT) agit sur l’organisation des systèmes productifs à l’échelle des territoires
L’EIT vise à organiser et à faire fonctionner les tissus économiques des territoires comme des écosystèmes. En collaborant, les acteurs (entreprises, agriculteurs…) échangent et partagent des ressources (matière, énergie, équipement, service) limitant ainsi les consommations de ressources.

FAIRE EN SORTE QUE LES VILLES ET LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS SOIENT OUVERTS À TOUS, SÛRS, RÉSILIENTS ET DURABLES
Tout le travail que nous menons pour intégrer l’économie circulaire dans l’urbanisation, est une manière de trouver des solutions pour construire des villes durables. Le curseur pointe sur la gestion des ressources en phase chantier et en phase de fonctionnement mais d’autres ressources matérielles, humaines ou patrimoniales bénéficient d’effets positifs : réduction des déchets, gestion des biodéchets, agriculture urbaine, commerces locaux, gestion innovante des espaces extérieurs, cadre de vie, etc. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons participé à la création de l’outil EcoCircUrba.
EcoCircUrba (ECU) est le fruit d’un projet de recherche soutenu par l’ADEME. A travers un interface web, il guide les collectivités ayant un projet d’aménagement/réaménagement d’espace public pour qu’ils intègrent l’économie circulaire aux différents stades de leur projet.

Pour aller plus loin sur ce sujet, je vous conseille également de consulter le guide « Economie circulaire et urbanisme : une démarche, des outils pour construire son projet ». Inddigo a contribué à cet ouvrage avec Orée pour répondre à l’initiative de l’ADEME. Il est disponible dans les ressources de l’atelier #16 des Assises de l’Economie circulaire 2020 où il a été présenté.

PROMOUVOIR UNE CROISSANCE ÉCONOMIQUE SOUTENUE, PARTAGÉE ET DURABLE, LE PLEIN EMPLOI PRODUCTIF ET UN TRAVAIL DÉCENT POUR TOUS
Vous allez penser que le rapprochement est un peu facile voire inopportun, et pourtant ?
Si on interroge les effets de l’économie circulaire sur cette dimension, on voit très bien dans la pratique, qu’en France aujourd’hui, l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) est très présente dans les actions d’économie circulaire. Nous avons besoin des acteurs de l’ESS pour développer un certain nombre de services. Les ressourceries et les recycleries par exemple créent souvent des emplois en insertion.

RENFORCER LES MOYENS DE METTRE EN OEUVRE LE PARTENARIAT MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
Une politique de stratégie d’économie circulaire n’existe que s’il y a une véritable collaboration des acteurs impliqués. Une démarche d’écologie industrielle n’existe que si les entreprises collaborent entre elles et leurs collectivités. C’est la condition majeure de la réussite des projets d’EIT. Un PRAEC, Plan Régional d’Action pour l’Économie Circulaire, s’appuie sur la construction et l’animation d’une communauté d’acteurs sur le territoire. Pour donner un exemple concret, c’est le cas en Occitanie où l’on va retrouver la Région bien sûr mais aussi des partenaires tels que des collectivités, EPCI, syndicats professionnels, entreprises, associations, acteurs de l’ESS ou même des chercheurs qui sont en charge de la mise en œuvre de certaines actions du Plan. Pour gérer les flux du BTP et optimiser l’usage des matériaux de construction à travers le développement du réemploi, du recyclage ou de l’utilisation de nouveau matériaux, il faut une approche globale.
Notre travail nous renvoie à l’essence même de cet objectif car nous sommes sans cesse en train de jongler entre différents niveaux. La vision systémique qui est dans l’ADN de l’économie circulaire contribue clairement à atteindre cet objectif.

PRÉSERVER ET RESTAURER LES ÉCOSYSTÈMES TERRESTRES, EN VEILLANT À LES EXPLOITER DE FAÇON DURABLE, GÉRER DURABLEMENT LES FORÊTS, LUTTER CONTRE LA DÉSERTIFICATION, ENRAYER ET INVERSEMENT LE PROCESUS DE DÉGRADATION DES SOLS ET METTRE FIN À L’APPAUVRISSEMENT DE LA BIODIVERSITÉ
Dans les 7 piliers de l’économie circulaire, il y a le pilier « Approvisionnement durable » qui encourage à produire des ressources de façon durable, notamment issues du vivant, biosourcées, et à les exploiter de façon durable. Pour l’économie circulaire, il est hors de question de gérer une filière de bois de construction sans intégrer une vision écosystémique et de long terme. La production doit permettre à la ressource de se renouveler sans dégrader les écosystèmes terrestres. Il y a des choses très intéressantes qui se font dans les territoires. Alors que nous travaillons à l’élaboration du PRAEC de Guyane, nous avons pu constater avec enthousiasme la façon dont la forêt guyanaise est exploitée par des acteurs du territoire en respectant la biodiversité et le renouvellement des plants. Cette gestion est pensée et mise en œuvre par les acteurs eux-mêmes. La Guyane, dont la population est appelée à doubler d’ici 2040 réfléchit au développement d’un approvisionnement local de ses matériaux de construction en valorisant des ressources guyanaises importantes : l’argile et de bois. Le PRAEC, en cours de réalisation, intégrera vraisemblablement des actions sur ces thèmes.