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La nature déconfinée

Publié le : 24 avril 2020
Auteur : Daniel Aubron
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Quels sont les impacts du confinement sur la biodiversité ?

Si notre observation de la nature est différente en cette période de confinement, elle est sans doute plus attentive. On explore le sujet, et on fait le plein d’idées pour s’informer, se cultiver et participer à la connaissance de la biodiversité qui nous entoure.     

Hasard du calendrier, la période de confinement tombe à un moment crucial pour la biodiversité : le printemps.

C’est un moment particulier où, pour le monde végétal, on assiste à la floraison des plantes et à l’apparition des feuilles sur les arbres. Pour les animaux c’est en corollaire la réapparition des insectes. Les oiseaux, en pleine parade amoureuse et délimitation de leurs territoires, font entendre leurs chants dès le matin tôt. Pour les mammifères c’est le début des naissances.
Vous l’avez compris, c’est un moment sensible pour la nature qui a besoin juste à ce moment d’un peu de tranquillité. Le confinement humain devient de fait un atout en limitant la fréquentation des milieux naturels. Seul bémol (sur le plan écologique) l’agriculture intensive a continué à déverser ses produits phytosanitaires dans les champs, ce qui a d’ailleurs créé un pic de pollution sur les particules fines fin mars en région parisienne et dans le Grand Est (source : le Monde, 30 mars 2020), qui n’avaient pourtant pas besoin de ça.

Phoque news !

Le confinement a permis à beaucoup de nos concitoyens de regarder la nature autrement et surtout de prendre le temps de l’observer depuis son balcon, sa terrasse ou dans son jardin. La période très active de la biodiversité au printemps cumulée avec un fond sonore moins élevé (en grande partie dû à la réduction du trafic routier) a révélé des bruits insoupçonnés. La présence des oiseaux a ainsi été plus remarquée qu’à l’ordinaire. Le fait que l’on dispose de plus de temps pour l’observation, même de la fenêtre, joue beaucoup. Ajoutons que les conditions météorologiques avec des températures clémentes et pas de pluie favorisent à la fois le fait de mettre le nez dehors et l’expansivité animale.
C’est devenu un sujet de discussion relayé par les médias et les réseaux sociaux. On assiste en fait à une forme de redécouverte de la nature, de ses bruits, de ses couleurs et de ses odeurs. Mais soyons clairs : NON, on n’a pas plus de biodiversité qu’en temps normal (sinon cela tendrait à nous faire croire à la génération spontanée…) et on n’a pas encore le retour de la vie sauvage en ville. Pour cela on aurait besoin encore de quelques décennies… Ici ou là cependant, la nature ayant horreur du vide…, on constate quelques tentatives d’approche du milieu urbanisé par les animaux en raison de la moindre activité humaine. Les exemples médiatisés sont nombreux, par exemple les chevreuils sur les ronds-points, les sangliers à Saint Herblain, le loup sur les pistes de ski délaissées de Chamonix. Du côté marin, en raison de la moindre pression de l’activité de pêche, on a par exemple observé l’augmentation de la quantité de puffins et de dauphins dans le parc national des Calanques ou 2 rorquals au large de Marseille. Reste à savoir si les effets du confinement humain auront un impact sur le taux de reproduction de la faune sauvage (résultats dans quelques mois). A mettre en perspective avec le baby boom humain lié au confinement annoncé par certains…

Le milieu urbain reste en tout état de cause un milieu répulsif pour la faune sauvage qui ne peut pas y trouver les éléments nécessaires à son cycle de vie à l’exception de quelques espèces dites ubiquistes (qui s’adaptent facilement, y compris à l’Homme) et que l’on connaît tous, par exemple le pigeon, la corneille ou encore le rat. Le confinement n’y change rien. Une part du changement viendra des nouveaux modèles de développement durable urbains tels qu’on est en train de les construire chez Inddigo : la biodiversité y prendra plus de place.

Initiatives biodiversité en période de confinement

Le confinement peut être mis à profit pour s’informer, se cultiver et participer à la connaissance sur la biodiversité qui nous entoure. Quelques exemples :

En matière de sciences participatives

  • La Ligue pour la Protection des Oiseaux a lancé l’opération « Confinés mais aux aguets » : c’est une vaste opération de comptage des oiseaux de jardins. Depuis le début du confinement, plus de 500 000 observations ont été rapportées. C’est facile et bien expliqué sur le site et accessible à tout le monde.
  • Dans le même esprit le conservatoire des espaces naturels de Savoie a lancé une enquête sur les animaux délaissés que sont les invertébrés, en particulier les mal aimées que sont les punaises et araignées (qui sont pourtant fascinantes et méritent d’être mieux connues). Tout savoir sur cen-savoie.org.
  • En Ile-de-France l’Agence Régionale de la Biodiversité propose d’observer les oiseaux sans bouger de chez soi, ce qui est appréciable pour ceux d’entre nous qui n’ont pas d’espaces extérieurs.

Pour se cultiver

Vous avez le temps, vous en avez toujours rêvé :

Vous avez l’esprit voyeur ? Vous pouvez suivre en direct

  • La nidification de Balbuzards pêcheurs en Sologne, dans la région Centre-Val de Loire. Le premier œuf a été pondu le 1er avril.
  • Le quotidien d’une famille de Faucons pèlerins à Châteauneuf (Loire) : 4 poussins qui ont vu le jour il y a quelques jours seulement.

Pour passer le temps

Nichoir à oiseau
Mésange bleue sur un nichoir

Profitons donc au mieux de la biodiversité malgré la situation actuelle. Elle nous entoure partout même si nous ne la percevons pas toujours et qu’elle ne se résume pas à une excursion d’un renard dans la ville. Grâce aux outils présentés ci-dessus que sans aucun doute vous suivrez avec assiduité, elle livrera une partie de ses secrets.

Pour terminer je vous renvoie à la lecture d’un très bon article de Grégoire LOÏS, naturaliste à l’Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France, pour l’Institut Paris Région : « Ce que le confinement nous apprend sur la nature (et sur nous-mêmes…) »

Daniel AUBRON – Avril 2020

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