Notre rapport ambigu à la nature : l’aimer si on la maîtrise
Qui d’entre nous se souvient quand il a marché la dernière fois pieds nus dans l’herbe ?
Depuis les temps les plus anciens l’Homme cherche à s’affranchir de la nature. C’était tout d’abord pour lui une question de survie : échapper aux prédateurs, s’abriter de mauvaises conditions météorologiques ou encore garantir un accès à la nourriture. On y est (pratiquement) arrivés, au moins dans nos vies « civilisées » occidentales ! La rationalisation de l’agriculture, la disparition de nos prédateurs, la construction de bâtiments sûrs etc. nous ont peu à peu libérés de la charge mentale liée à cet effort constant de survie. La conséquence immédiate est la déconnexion flagrante entre l’humain et son milieu de vie.
La grande majorité des habitants de nos sociétés occidentales vit maintenant en moyenne 90 % du temps en intérieur, et la plupart du temps sur du béton ou du bitume, d’où une méconnaissance – et au minimum une indifférence – généralisée du milieu qui nous entoure, entre sentiment de sécurité et peur de l’inconnu.
Pas de vie humaine sans biodiversité
Jamais la biodiversité n’a été en si mauvais état et cela devient malheureusement banal de le rappeler : déclin mondial moyen de 68 % des populations de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons entre 1970 et 2016*. En France, nous sommes passés d’un quart des oiseaux menacés à un tiers de 2008 à 2016. En Allemagne c’est 75 % de la masse d’insectes qui a disparu sur une période de suivi de 27 ans sur 63 aires protégées. Les espèces sont indicatrices des milieux qui disparaissent. Elles révèlent le sort que l’on fait à leurs habitats : artificialisation des sols, intensification des pratiques agricoles, etc.
La nature est pourtant indispensable à la vie humaine. La notion de « services rendus par la biodiversité » met en avant les services essentiels qu’elle nous rend : services d’approvisionnement (cultures, matières premières, bois, etc.), de régulation (qualité de l’air, de l’eau, régulation climatique, etc.) et culturels (ressourcement, détente, éducation, etc.).
Des actions qui engagent à tous les niveaux
De nombreux acteurs tels que des conservatoires d’espaces naturels ou des associations sont engagés aux côtés de la communauté scientifique pour tenter d’enrayer cette perte de biodiversité. L’Etat, lui, essaie d’apporter des solutions juridiques, la plus récente étant la loi de 2016 pour la reconquête de la biodiversité. Le monde économique s’organise aussi, avec des acteurs comme l’association OREE ou la Plateforme de l’Initiative Française pour les Entreprises et la Biodiversité, qui partagent des guides et émettent des recommandations.
Pour que les entreprises fassent le bzz
Très souvent la mise en place de systèmes favorisant la biodiversité dans les entreprises est simple. Instaurer une gestion différenciée en fonction des espaces permet de recréer des habitats naturels : prairies fleuries, haies composites ou bosquets. Le choix d’espèces basé sur une palette végétale locale plutôt que sur des espèces exotiques ornementales renforce la démarche.
La présence de l’eau est toujours bénéfique à la biodiversité : on peut alors préférer des bassins de rétention, noues (fossés), plutôt que des tuyaux enterrés pour la récupération des eaux de pluie. Enfin une gestion des espaces verts en adéquation avec la biodiversité est nécessaire : les entreprises d’espaces verts sont de plus en plus sensibilisées à ce sujet. |
La Biophilie dans l’entreprise : une démarche gagnant/gagnant
La biophilie (terme désignant l’amour du vivant) est un levier pour contribuer à ce que les salariés se sentent bien au travail. La présence de la nature fait appel à nos 5 sens :
- La vue : échelonnage des couleurs des fleurs et feuilles tout au long de l’année
- L’odorat : odeur des fleurs
- Le goût : plantation d’arbres fruitiers, de petits fruits rouges, de plantes aromatiques, d’espaces de jardinage
- L’ouïe : bruit de l’eau, des oiseaux
- Le toucher : présence physique proche du végétal.
Cette démarche permet de concilier le bien-être des salariés et de contribuer, à son échelle, à agir pour la biodiversité.
Pour aller plus loin
Le monde de l’aménagement et de la construction peut faire labelliser ou certifier ses projets. L’obtention du label BiodiverCity® ou de la certification Effinature® peut ainsi devenir un objectif pour concilier au mieux le besoin de développement et le respect de la biodiversité. Signalons enfin l’initiative « Engagés pour la nature » portée par l’Office Français de la Biodiversité, qui s’adresse notamment aux entreprises et territoires pour enrayer l’érosion de la biodiversité.
* sur les populations suivies – source : Indice Planète Vivante
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