Pourquoi faudra-t-il trier à la source ses biodéchets en 2024 ? Comment composter ?

Dès le 1er janvier 2024 tout le monde devra composter ses biodéchets ou bénéficier d’une solution de collecte séparée, que l’on soit un particulier ou une entreprise. Pourquoi ? Et surtout comment ferez-vous ?

La loi du 12 juillet 2010, dite loi Grenelle 2, a instauré une obligation de tri à la source et de valorisation des gros producteurs de biodéchets. La loi française pour la croissance verte et la réglementation européenne rendent quant à elles obligatoire la gestion séparée des biodéchets pour tous dès le 31 décembre 2023.

Rappel des échéances :

• 2016 : tous les producteurs de biodéchets supérieurs à 10 tonnes par an doivent en assurer le tri à la source pour les valoriser
• 2023 : tous les producteurs de biodéchets supérieurs à 5 tonnes par an doivent en assurer le tri à la source pour les valoriser
• À partir du 1er janvier 2024, tous les particuliers et entreprises devront trier à la source leurs biodéchets

Mais pourquoi faudra-t-il trier ses biodéchets ?

• Les biodéchets représentent 1/3 du poids de nos poubelles d’Ordures Ménagères (OMR)
• La valorisation organique pourrait concerner 38 % des OMR soit plus de 6 millions de tonnes (100 kg/hab./an), selon le MODECOM de 2017
• Les déchets biodégradables, quand ils sont traités avec les ordures résiduelles, sont générateurs de pollution qui pourrait être évitée
• Le traitement des déchets représente un coût pour les collectivités et les administrés qu’il est important de maîtriser

Composter est un geste vertueux

• Composter permet de réduire ses déchets et la pollution associée à leur traitement
• C’est rendre service à la nature par un amendement du sol sans engrais artificiel
• C’est aussi rendre service aux jardiniers qui utilisent le compost sans modération pour ses bénéfices sur les récoltes

Comment gérer ses biodéchets en 2024 ?

Plusieurs solutions s’offrent et s’offriront à vous en fonction de votre résidence (maison ou immeuble), des actions mises en place par votre collectivité ou de vos préférences.

Gérer ses biodéchets quand on habite en maison

• Le compostage en tas est probablement encore la solution la plus répandue en milieu rural qui consiste à déposer ses biodéchets dans un coin du jardin
• Le composteur de jardin est un bac fermé souvent en plastique (recyclé de préférence) ou en bois
• L’alimentation animale est également une solution pour éviter les biodéchets (poules, cochons, animaux domestiques, chiens, etc.)
• L’apport en déchetterie n’est possible que pour vos déchets verts, mais le mieux est de les valoriser in situ

Composter lorsque l’on habite en immeuble

• Le compostage partagé en pied d’immeuble ou de quartier permet aux habitants de venir déposer leurs biodéchets en proximité. Plusieurs dispositifs existent comme les bacs classiques ou adaptés à de gros volumes, ou encore des pavillons de compostage en gestion manuelle ou mécanisée.
• Le lombricomposteur s’installe de préférence en intérieur car les vers préfèrent des températures constantes (ni trop chaudes, ni trop froides). Ils se nourrissent d’épluchures pour produire un lombricompost et un lombrithé (liquide brun très riche en minéraux, oligo-éléments et autres éléments nutritifs) qui sont d’excellents fertilisants.
• Le bokashi permet la décomposition des biodéchets par fermentation grâce à l’ajout d’un inoculent. Comme le lombricomposteur, le bokashi doit être muni d’un robinet solide au fond pour vider périodiquement le thé de bokashi. Parce qu’il faut ensuite enterrer la matière fermentée pendant 10 jours (ou la mettre dans un composteur), certaines collectivités ou associations proposent de ramasser les bacs remplis en porte à porte.
• le Jardicomposteur, quant à lui, ne prend pas de place sur votre balcon et peut traiter 4 kg/sem. Le plus est que vous pouvez y faire pousser de jolies plantes et même des légumes.

La collecte des biodéchets en porte à porte

Certaines collectivités proposent une solution de collecte des biodéchets pour leurs habitants résidant en maison ou en immeuble. Cela concerne déjà plus d’une centaine de collectivités en France. Le service d’enlèvement ramasse les déchets triés et déposés dans des contenants spécifiques et adaptés selon un circuit défini. Ils sont ensuite traités en compostage et/ou méthanisation.

Comment composter dans un Établissement Recevant du Public (ERP) ?

Comme les particuliers, les entreprises et les administrations devront se mettre au compost en 2024.
Le compostage autonome en établissement pour les écoles, les collèges, les hôpitaux, les maisons de retraite ou même les campings peut se faire via plusieurs solutions en fonction de la quantité de biodéchets à valoriser : les composteurs en bac, le Pavillon de compostage, le déshydrateur, le composteur électromécanique ou encore la micro-plateforme de compostage.

Les collectivités ont plusieurs mois pour identifier les solutions à mettre à la disposition de leurs habitants

Afin de permettre aux citoyens de respecter l’obligation de composter à partir du 1er janvier 2024, les collectivités doivent s’assurer qu’ils ont une solution à leur disposition.
Inddigo, qui accompagne de nombreuses collectivités pour réaliser des études de gestion et de valorisation des déchets, réalise en ce moment plusieurs études de schémas territoriaux de gestion séparée des biodéchets. Nos missions passent par l’étude de gisements de biodéchets produits et potentiellement captables, l’analyse du Service Public de Gestion des Déchets (SPGD) en veillant à la maîtrise de la qualité et des coûts du service dans sa globalité, l’analyse des dispositifs actuels de tri à la source des biodéchets proposés faisant ressortir l’efficience vis-à-vis des moyens engagés (rapport coût/résultat), les limites, les freins et les potentiels de développement. Nous réalisons l’état de l’art des solutions techniques disponibles et enfin la proposition de solutions adaptées selon les spécificités des territoires.

Comment composter concrètement ?

Valoriser ses biodéchets peut paraître compliqué mais dans les faits le compostage est souvent très simple à mettre en œuvre.
Rassurez-vous, un compostage maîtrisé est sans désagrément. Nous souhaitons, dans cet article vous donner quelques informations et conseils pour aborder sereinement ce changement d’habitude.

Pour cela, nous vous proposons quelques infographies à garder sous la main :

Du changement dans la gestion des déchets et surtout des biodéchets

Le décret 2021-1199 du 16 septembre 2021 relatif aux conditions d’élimination des déchets non dangereux prévoit l’interdiction d’élimination dans les Installations de Stockage de Déchets Non Dangereux (ISDND), d’OMR comportant plus de 65 % en masse de biodéchets ainsi que les déchets soumis au principe de Responsabilité Élargie du Producteur (REP) à partir du 1er janvier 2025 et de plus de 60 % à partir du 1er janvier 2020.
L’article 8 du projet de loi de finance de 2019 prévoit par ailleurs une augmentation des taux de la Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP) à partir de 2021. Cette TGAP veut encourager la valorisation des déchets plutôt que certains modes de traitement polluants.
Le compostage des biodéchets offre une solution pour réduire le recours aux Installations de Stockage de Déchets Non Dangereux (ISDND) et palier au coût financier.

À lire également :

• Optimisation de la filière traitement biologique déchets – découvrez un projet de R&D Inddigo, sur le blog Inddigo
• Biodéchets |Comment évaluer la performance d’une opération de compostage de proximité ?, sur le site Inddigo
• Plus d’informations sur l’expertise Déchets et Écologie industrielle Inddigo, sur le site Inddigo